Le faible déploiement du programme des EnR a impacté la filière EnR en Algérie

Depuis 2017, on constate que très peu de centrales EnR ont été connectées au réseau électrique (voir graphe ci-contre issu du traitement des données issues du rapport de l’agence internationale des énergies renouvelables (IRENA).
Cette situation n’a pas changé en 2022 malgré les annonces qui avaient été faite.
L’absence de projets de grandes capacités (plusieurs MWc) nuit à la filière industrielle qui risque de disparaitre si le programme des EnR n’est pas déployé dans les délais et à un rythme qui permettrait de rentabiliser les investissements consentis par les entreprises du secteur.
En termes de déploiement du programme des EnR (hors réseaux), les secteurs les plus dynamiques sont ceux de l’intérieur, les télécom, oil & gas, agriculture, etc. qui utilisent les systèmes solaires photovoltaïques pour les écoles, l’éclairage public, les télécommunications, etc. Cela se fait à leurs rythmes et selon leurs besoins. Durant la période 2020/2021 , le hors-réseau a cru de +73% à près de 37 MW (+15.6MW par rapport à 2019) dont la part du lion est détenue par l’éclairage public hors réseau (près de 10MWc).
Ces chiffres indiquent que le déploiement du solaire hors réseau fonctionne car les institutions publiques arrivent à trouver les ressources financières requises.

L’instabilité institutionnelle n’a pas permis au programme des EnR de devenir effectif

L’instabilité institutionnelle n’a pas permis de mettre sur rail le programme des EnR comme on peut le constater.
En Août 2017, le bloc de terme ‘énergies renouvelables’ avait fait sa première apparition dans la nomenclature officielle en étant collé à l’environnement. Les tractations ont fini par donner naissance à une configuration hybride : tout ce qui est connecté au réseau reste sous la coupe du secteur de l’énergie alors que le hors réseau était laissé au secteur de l’environnement. Le résultat de ce système hybride n’a pas été à la hauteur des attentes des acteurs du secteur. Durant oute la durée d’existence du MEER (Août 2017 – Juin 2020), aucun projet n’a été réalisé ni aucun texte réglementaire n’a été promulgué. Il faut dire que la ressource humaine dédiée par le MEER était dérisoire.
En Juin 2020, un nouveau ministère avait été mis en place (MTEER ou ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables) et qui avait permis de mettre sous les feux de la rampe les programmes algériens en énergies renouvelables et en efficacité énergétique. La faible durée de vie de ce ministère n’a pas permis d’obtenir des résultats palpables pour la filière des énergies renouvelables dans notre pays. Il a été enlevé de la composante du gouvernement pour revenir à un schéma ayant été en place en 2017.
Le remaniement ministériel du 8 septembre 2022 a provoqué un choc avec la disparition du ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables (MTEER) et la mise des énergies renouvelables sous la coupe du ministère de l’environnement qui devient ainsi le ministère de l’environnement et des énergies renouvelables (MEER). Les attributions du MEER n’ayant toujours pas été publiées au journal officiel (JORA), tous les projets en cours restent en attente. Néanmoins, de fortes présomptions existent de retourner au modèle de 2017 (partie connexion aux réseaux électriques sous la tutelle du MEM et partie hors réseaux sous la tutelle du MEER).
En février 2023, le Groupe Sonelgaz lance un appel d’offres pour réaliser 2000 MWc à travers 11 wilayate. Cela officialise la responsabilisation du Groupe Sonelgaz quant à la réalisation du déploiement du programme de 15000 MW à l’horizon 2035.

Se tourner vers le futur

La désignation du Groupe Sonelgaz pour déployer le programme des EnR peut constituer un réel changement pour faire redémarrer l’activité liée aux EnR compte tenu de l’expérience et de l’expertise du Groupe Sonelgaz, notamment à travers sa filiale Sonelgaz Energies Renouvelables (Ex SKTM) avec la réalisation de 330 MW sur le Réseau Interconnecté du Nord et 50 MWc en hybridation des centrales fonctionnant aux fossiles sur les Réseaux Isolés du Sud.

L’annonce d’un round de 2000 MWc suscite un grand espoir de la part des opérateurs locaux qui attendent d’être partie prenante dans sa mise en œuvre.

Les acteurs attendent plus de visibilité de la part des pouvoirs publics quant à la mise en œuvre du programme, notamment:

  • Un plan de déploiement réaliste et faisable
  • Un plan de financement du programme
  • Et la mise en œuvre du Contenu Local

 

De même l’ouverture de nouveaux marchés pour les acteurs locaux, à savoir:

  • L’autoconsommation PV
  • La mise en place de mini-réseaux pour les secteurs économiques (agriculture et industrie)

Green Energy Cluster Algeria entend contribuer à la mise en œuvre de la transition énergétique en Algérie.